A l'école des prêtresses
- Par delà les brumes
- 22 mars
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 avr.
On a toutes rêvé d’entrer dans une école pour suivre un apprentissage dans un temple millénaire. Dans la pratique on s’adapte à l’époque. Il y a 30 ans, avant internet, j’ai commencé par des livres lorsque j’arrivais à mettre la main sur un catalogue, il fallait commander par courrier. Puis des « cours par correspondance ». De grandes enveloppes que j’attendais avec hâte et qui venaient de pays lointains : USA, Angleterre, parfois même Nouvelle Zélande. Des cassettes audio, de petits livrets…
En France on ne trouvait à l’époque presque rien sur le paganisme ou ce qu’on appelait globalement la tendance New Age. Il fallait être vraiment convaincu et tenace pour recevoir un quelconque enseignement. J’étais jeune et sans expérience et il a fallu du temps pour expérimenter, apprendre et faire le tri de tout ce qui pouvait être proposé. Quand je vois l’essor qu’on prit ces sujets avec des rayons dédiés dans des magasins généralistes comme Cultura, ça me fait encore tout drôle.
Rapidement après l’installation d’internet j’ai trouvé mon chemin vers Glastonbury et la Goddess Conference. Ma première conférence devait être la deuxième ou la troisième qui était proposée. Pour moi ce fut un éblouissement. Incroyable de voir autant de nationalités rassemblées pour partager le même appel, l’envie de retrouver quelque chose qui n’était qu’une intuition, un vague souvenir. Pendant des années j’y suis retournée sans savoir comment expliquer ce que j’y avais vécu au retour. Ca n’intéressait personne. La Conférence a laissé des traces qui ont façonné ma vie intérieure : la cérémonie d’accueil des jeunes filles, la reconnaissance des vieilles femmes (the Crones), l’anticipation de la saison de la mère….. Pour moi Avalon est devenu indissociable de Glastonbury, une légende qui se construit elle-même. A plusieurs étapes de ma vie j’y suis retournée, même si mes visites se sont espacées. Je n’assumais pas ce côté trop marginal par rapport à mon entourage et ma vie d’adulte en construction. Pourtant à l’intérieur j’y restais indéniablement connectée. A 19 ans j’avais reçu l’initiation la plus romantique dans le temple souterrain d’un château irlandais, mais je ne savais pas exactement comment la traduire autrement qu’à l’intérieur de moi. Trop timide, trop embarrassée par ma propre personne, je n’en ai pas parlé sauf à des anglo-saxons pendant des années. Avec le recul il me semble que c’était une forme de première communion. Je m’étais sincèrement dédiée à la déesse ce jour-là, j’avais reçu des mains de Lady Olivia une forme d’autorisation d’être sur ce chemin. Elle voyait ce dont j’étais capable, mais pas moi. La dévotion est restée en moi pendant des années en ne s’exprimant que très discrètement à l’extérieur. Les mots sont restés avec moi, ainsi que la prédiction qui m’avait été faite par une participante : « Tu devras apprendre de nombreuses compétences variées avant de pouvoir un jour faire ce que je fais si tu le souhaites ». Quelque part cela m’avait peut-être découragée à exprimer ce côté de moi pour l’instant.
Je suivais beaucoup de formations annexes sur le développement personnel, les thérapies alternatives, mais la vie quotidienne reprenait son cours et le temps manquait. En vérité c’est un domaine où il y beaucoup de propositions différentes, variables en sincérité, on trouve aussi fausses promesses, théories discutables, pseudo gourous et pratiques franchement dingos. Cette voie est toujours en équilibre entre charlatanisme débridé, sincérité trop naïve et apprentissages sérieux. Méfiante de nature, j’ai une passion pour la justification et la compréhension et une espèce de radar qui me demande toujours beaucoup de preuves et d’argumentation. Je ne voulais pas suivre aveuglément des affirmations sans valeur ou sans substance. J’ai toujours été comme ça, je voulais gratter jusqu’au vrai du vrai, toujours. Je ne maitrisais pas du tout mes émotions et mes pensées malgré toutes mes tentatives. Mon niveau de conscience était bas. Je lisais le « manuel de la prêtresse » d’Ariel Spilbury que je trouvais magnifique, mais je ne voyais pas comment l’appliquer en pratique.
J’ai construit ma vie, ma pensée, mes croyances. Ma naïveté s’est transformée en expérience de plus en plus affutée, en conscience de plus en plus profonde. Il me fallait du temps pour rencontrer les traditions non duelles, pratiquer la présence, faire baisser le volume de mes pensées, apprivoiser mes tempêtes d’émotions. Il me fallait l’expérience de la vie pleine et entière, les difficultés, les épreuves pour commencer à comprendre les enseignements et surtout les expérimenter. Il me fallait la pratique encore et encore. Il fallait que l’introspection me permette de comprendre mon histoire, mes réactions. Il fallait que je mette un peu l’épreuve tout ce que j’apprenais, que je fasse beaucoup d’exercices pour commencer à clarifier qui j’étais. Il me fallait du temps pour sortir d’un mode automatique de survie vers une conscience plus stable.
Jusqu’en 2021 ou une évidence s’est imposée. Il me fallait revenir vers Avalon avec plus de solidité sur mes propres connaissances. J’admettais que cette forme de spiritualité m’apportait la joie et la beauté, elle soutenait ma conversation profonde avec le monde. Avec plus de stabilité j’ai passé une année d’apprentissages intensifs en ligne terminée par un weekend à Glastonbury. Tout le contenu résonnait parfaitement. Je suis revenue avec plus d’acceptation. Avalon faisait partie de moi depuis des décennies. Ce n’était pas une mode ou une fausse idée comme j’avais pu le craindre plus jeune. J’ai commencé à en parler plus librement et j’ai poursuivi mes « études de prêtresse » avec une grande variété d’inspirations.
Après l’équinoxe de printemps, je retournerai à Avalon terminer un nouveau cycle. Ce sera aussi une occasion de regarder le chemin parcouru et de voir à quel point cette voie initiatique s’apparente à un vrai chemin de vie.
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