Autour de Samhain, l'appel d'Avalon
- Par delà les brumes
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Autour de Samhain le retour de l’ombre, rend bien visibles le changement de saison. Sur la roue de l’année ce temps marque l’invitation à ralentir, à imiter la nature qui se tourne vers l’intérieur. C’est le moment que de nombreuses écoles de prêtresses choisissent pour ouvrir leurs portes. Les nouvelles « Ecoles des Mystères » qui proposent de s’engager, la plupart pour un an et un jour, dans une exploration de la spiritualité féminine. Il en existe de toutes formes de traditions, certaines exclusives, d’autres qui les mélangent allègrement. Leur point commun ? Rassembler les femmes dans un espace apparenté à un temple et transmettre des pratiques et enseignements permettant de retrouver une forme de féminin sacré.
C’est ce qui m’a ramenée, trois ans en arrière sur les berges d’Avalon. Comme Morgane dans les Brumes d’Avalon je m’étais un peu perdue dans le vacarme du monde et ses obligations. Ma pratique restait en filigrane dans ma vie mais j’étais seule même si je recevais des infolettres. « Pas maintenant, pas cette fois… ». Jusqu’à ce que je décide enfin de m’inscrire à un cycle d’un an sur une impulsion semée de gros doutes « Est-ce que c’est vraiment judicieux ? Personne ne fait ça autour de moi. Est-ce que ce n’est pas trop cher ? Je n’ai pas le temps, est-ce que j’ai vraiment besoin de ça après tous les apprentissages que j’ai déjà faits? ». Dès les premiers jours enfin comme un soulagement, le sentiment de revenir à la maison. « J’avais besoin de ça ». Toutes les justifications se sont effacées et toute l’année malgré le manque de temps, d’énergie parfois j’ai participé, appris, écrit, exploré, plongé au centre de moi-même et des mystères. Au milieu de la vie quotidienne toujours plus rapide et demandeuse, les pratiques de la prêtresse sont revenues encore et encore. Je suis retournée à Glastonbury pour l’initiation avec le sentiment de me rappeler qui j’étais. Autour de moi, personne n’a tout à fait compris ce que j’étais allée chercher.
Pourtant, des femmes, par centaines entendent le même appel. Quand elles entendent le mot « prêtresse », quelque chose résonne au fond de leur âme. Quelque chose de physique se réveille au fond de leur ventre ou de leur cœur, un désir ou un besoin sans forme, une sensation presque inconnue, quelque chose qui dit : « Oui c’est ça ». J’ai entendu ces mots souvent. « Je ne sais pas vraiment ce que je fais là mais il fallait que je vienne ».
Il y a quelque chose de tellement puissant quand les femmes se rassemblent au sein d’un temple. Un jour entre deux avions pour un déplacement professionnel j’ai entendu Diana Dubrow raconter dans un podcast : « Il y a quelques centaines d’années encore, il y avait des prêtresses en tous lieux, les dieux étaient représentés parmi les hommes et les femmes et les femmes incluses dans la célébration des rites du quotidien. Avec le monothéisme elles ont disparu et les femmes n’ont plus eu de place ni de représentation dans la vie spirituelle. Le monde a besoin de prêtresses, nous avons besoin de prêtresses pour équilibrer les représentations spirituelles pour célébrer les cérémonies et les rites de passage des filles et des femmes, pour raconter des modèles et des histoires qui permettent de donner du sens à nos vies ». Au milieu d’un aéroport à l’ultra-modernité tonitruante, j’ai eu l’impression d’une sagesse sans âge déversée dans mes petits écouteurs. Je me souviens avoir ressenti cette même profonde émotion « Oui, oui, bien sûr évidemment », une espèce de vertige à l’évocation des prêtresses et des temples. Au plus profond de mon âme, une brise a fait frémir le lac obscur de ma mémoire. Cette expérience illustre ce qui m’est arrivé depuis des décennies. Mon cœur disait « Oui, oui » à la simple évocation des mots que notre monde moderne saturé de réseaux sociaux et d l’IA ont mis au rebut depuis si longtemps: prêtresse, Avalon, sacré, cérémonie, déesses, magie….
Les nouvelles anciennes écoles de prêtresses, comme certaines se nomment, font résonner un appel sur la planète entière désormais. Des femmes de tous les pays du monde viennent écouter. Quelle que soit leur culture elles ressentent au fond d’elle le même appel. « Oui, oui, je ne sais pas ce que c’est mais c’est juste et je dois y aller». Elles laissent leur esprit se faire bercer par des mots et des images d’autres temps, elles ont le sentiment de quelque chose d’insaisissable qui leur échappe du coin de l’œil. Si elles arrêtent quelques minutes leur vie effrénée elles reconnaissent au loin un très léger murmure… ensemble elles se souviennent de quelque chose qu’elles n’ont pourtant jamais connu dans cette vie.
Quelque chose de puissant se passe lorsque les femmes se rassemblent dans un temple sans hiérarchie et sans autre but que de se rappeler ensemble. Retrouver le souvenir de la connexion au sacré sans dogme mais avec le soutien d’un groupe qui partage l’exploration intérieure. Cette année je n’ai pas hésité. Après trois ans j’ai compris que ce partage est finalement essentiel. Nous ne sommes pas faites pour être seules lorsque cet appel résonne. Même si nous ne sommes pas entourées immédiatement de gens qui comprennent nous pouvons nous rassembler malgré la distance, cheminer ensemble et retrouver ce souvenir d’Avalon, île, temple, lieu de rassemblement et d’apprentissage, où femmes de tous horizons venaient apprendre avant de repartir diffuse les savoirs dans le monde.



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